Dimanche 6 août 2017

« Pour la 1re fois, des officiers nigériens ont reçu la formation paracommando belge »

Les officiers nigériens qui ont reçu la formation paracommando belge

La réputation internationale du camp d’entraînement de Wartet n’est plus à prouver. Celle-ci attire des militaires du monde entier chaque année. Jeudi, des soldats nigériens recevaient leur brevet de paracommando.

Le camp d’entraînement de Wartet était à la fête jeudi après-midi. Après dix-sept semaines de formation intensive, des candidats sous-officiers, officiers et volontaires recevaient enfin leur brevet de paracommando. Un véritable honneur célébré dans la tradition avec, bien évidemment, la remise des bérets verts et rouges.

Pour l’occasion, et comme à chaque fin de formation, une parade était organisée. Mais cette fois, les candidats n’étaient pas seulement Belges. Ceux-ci étaient accompagnés de futurs officiers paracommandos du Niger. Une première et, surtout, une fierté pour le camp d’entraînement. «Si nous sommes ici, c’est parce qu’il s’agit tout simplement du meilleur centre de formation paracommando en Europe, commente Manzo Maman Sani, l’adjudant-major et bras droit de l’attaché militaire du Niger. À Marche-les-Dames, nos soldats ont bénéficié d’un apprentissage plus poussé au niveau des techniques de combat. C’est une formation très lourde et très enrichissante.»

Le camp d’entraînement ne fait pas de cadeaux. Il n’y a aucune exception. Sur les 10 candidats nigériens, quatre n’ont pas reçu leur brevet malgré un pré-stage de trois semaines pour s’adapter au climat et se mettre dans le bain de la formation belge. «Ils ne savaient malheureusement pas nager. Cette discipline n’est pas très répandue sur le continent africain, contrairement à l’Europe. En plus, au mois de mars, les eaux n’étaient pas très chaudes, regrette Remi Berghmans, le responsable des relations publiques et paracommando depuis 34 ans. Nous avons tout essayé mais ils ne présentaient pas les aptitudes nécessaires pour participer à la formation. Nous les avons refusés pour assurer leur sécurité dans la mesure où il ne s’agit pas d’une simple nage. Ils doivent, par exemple, réaliser un parcours dans la Meuse en portant leur équipement complet. Celui-ci ne pèse pas moins de 27 kg.»

Formés physiquement et mentalement

Si quatre soldats sont rentrés après seulement trois semaines, six d’entre eux ont toutefois brillé lors de leur apprentissage. Ils retourneront dès samedi au Niger pour déléguer leur expérience aux autres soldats, restés au front afin de combattre l’AQMI, l’Al-Qaïda au Maghreb islamique, où les confrontations s’accentuent à la frontière entre le Niger et le Mali.

Quant aux soldats belges, si les volontaires bénéficieront de quelques jours de repos, d’autres seront directement versés au sein de leurs unités respectives (Flawinne ou Thielen) pour y assurer, ensuite, différentes missions. «Certains partiront à l’étranger pour assurer, par exemple, l’évacuation d’expatriés dans les pays en conflit. Les autres resteront en Belgique, très certainement à Bruxelles, pour assurer le maintien de la paix.»

Il se pourrait donc que vous croisiez ces nouveaux paracommandos dans les prochains jours. Remy Berghmans le conçoit, ce travail de prévention est tout de même «lourd» et «répétitif». «Le travail de militaire, de paracommando est fait de grands moments d’adrénaline et de ce qu’on pourrait caractériser de «routine» dans la mesure où il peut ne rien se passer durant plusieurs jours voire semaines.»

C’est à ce moment-là que la formation prend tout son sens. «Ils doivent être en éveil à chaque instant. À tout moment, il peut se passer quelque chose. Ils sont formés pour être prêt physiquement et, surtout mentalement.» C’est d’autant plus vrai lorsque l’on sait que le terrorisme frappe aux moments et aux endroits où on s’y attend le moins.

Le terrorisme n’a pas révolutionné la formation

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la formation des paracommandos ne s’est pas adaptée par rapport à la menace terroriste. Les entraînements sont toujours les mêmes. «Lors de mes missions en Somalie, j’ai été confronté au terrorisme chaque jour, commente le chef de corps Xavier Van de Werve. La menace n’a fait que de se rapprocher de l’Europe. En fait, avec notre expérience acquise sur le terrain, cela fait des années que la Belgique travaille pour lutter contre le terrorisme. Cela ne change donc pas grand-chose au niveau de la formation puisque les entraînements sont très poussés afin de pouvoir réagir à n’importe quel type de circonstances.»

Plus que la pratique, une théorie sur le terrorisme est également donnée aux paracommandos en stage. «C’est une sorte d’éveil aux différences culturelles, commente Remy Berghmans, chargé des relations publiques. Nous avons d’ailleurs appris beaucoup de nos partenaires nigériens car ils nous ont fait comprendre et nous ont transmis leur façon de pouvoir intégrer les gens d’origines différentes et surtout, de gérer, de manière journalière, la menace terroriste.»

Source: Jérôme NOËL - L'Avenir